Voilà des mois, voire des années, qu’on entend parler d’un projet de terminal méthanier à Dunkerque, qui serait exploité par EDF.
Ce projet n’est pas nouveau puisque l’appel à projets du port autonome de Dunkerque date de 2006.
Il avait opportunément ressurgi en mars 2010, au moment où, il s’agissait de faire avaler que la fermeture de la raffinerie des Flandres – et la disparition des centaines d’emplois associés – allait trouver un palliatif avec les dizaines d’emplois qui existeront le jour où le terminal méthanier entrera en service.
Et voilà qu’aujourd’hui, le Président de la République vient en personne proclamer la résurrection du projet, à quelques mois d’échéances électorales auxquelles il est fort attaché.
Il y a quelques mois pourtant, EDF affichait son manque d’intérêt pour ce projet, et ni TOTAL, ni GDF SUEZ qui disposent pourtant de compétences gazières bien supérieures à celles d’EDF, n’ont manifesté la moindre velléité d’intervenir dans cette zone, même si TOTAL a des responsabilités avérées avec la fermeture de sa raffinerie, et si GDF SUEZ est un opérateur gazier historique notamment en France.
En outre, aucune modification du paysage énergétique national, européen ou même mondial (l’apparition des gaz de schistes aux USA n’a pas rendu ce pays exportateur net de gaz) ne vient justifier la construction d’un tel terminal, sauf à considérer que la France a vocation à créer une façade maritime importatrice de produits gaziers pour l’ensemble de l’Europe dans le but unique de faire fonctionner le « marché ».
Si de réels besoins d’approvisionnement du pays étaient avérés, le développement des terminaux de GDF Suez à Montoir de Bretagne et à Fos Cavaou pourraient largement y répondre par la seule construction d’un réservoir et quelques aménagements, doublant ainsi leur capacité, en aucune mesure comparable à celle prévue sur Dunkerque.
Autant dire que la création de ce terminal par un opérateur qui débute dans la spécialité laisse la CGT très perplexe, d’autant plus qu’EDF devrait concentrer ses moyens financiers sur l’amélioration de la sûreté de son parc nucléaire. De plus nous continuons à revendiquer que l’organisation optimum du secteur de l’énergie nécessite que chaque entreprise se concentre sur son métier, l’électricité pour EDF et le gaz pour GDF Suez au lieu de tenter de se livrer une concurrence destructrice pour le secteur et donc pour les usagers.
Il ne s’agirait pas que ce soit, une fois de plus, les salariés et les populations avoisinantes qui soient les dindons de la farce des déclarations présidentielles sur Dunkerque.
Le secteur énergétique mérite autre chose qu’une politique faite de coups médiatico-politiques. C’est le sens de la proposition de pôle public de l’énergie, portée par la CGT qui implique l’appropriation sociale d’un secteur hautement stratégique.
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