Le conseil d’administration d’ENGIE s’est réuni ce mardi 20 février afin de valider les résultats du Groupe.

Après les résultats faramineux de l’année 2022, l’année 2023 atteint des sommets … Portés principalement par la spéculation sur les marchés de l’énergie et la captation de subventions publiques.

  • Le Chiffre d’affaires (CA) s’établit à 82,6 milliards d’euros.
  • Le résultat courant (EBIT) s’établit à 9,5 milliards d’euros.
  • La charge des dividendes proposés par le conseil d’administration s’élève à 3,482 milliards d’euros soit 1,7 fois le résultat du groupe (RNpg =2,2 milliards d’euros).
  • Malgré les dires de la direction, parlant de hausses majeures de salaire en 2023, les chiffres nous montrent que la hausse est très faible (même pas 1%), bien en dessous de l’inflation …
  • Reconduction de la prime de partage de la valeur (prime de 1500 €) refusée malgré plusieurs interventions de la Coordination CGT
  • Une augmentation vertigineuse des factures pour les usagers avec encore de nouvelles augmentations annoncées en juillet pour le gaz et février pour l’électricité.
  • Désormais ce sont plus de 13 millions de foyers français qui sont en précarité énergétique, 60% des foyers français forcés de réduire la consommation de chauffage par peur de la facture (en particulier chez les revenus les plus faibles) …

Des résultats portés par GEMS et par l’hydroélectricité

L’EBIT de GEMS se situe à 3,551 milliards d’€ en 2023 soit une hausse de 27% par rapport à 2022. Ainsi la spéculation sur l’énergie représente désormais pratiquement 40% des résultats d’ENGIE.

Le président du conseil qui, lors de son arrivée, se présentait comme un grand industriel a fait d’ENGIE un groupe simplement financier dont les résultats ne dépendent plus de notre capacité d’innovation et de travail mais dépendent de la loi du marché, des lois européennes et des capacités à capter les subventions des états.

Dans son communiqué, ENGIE se targue de la capacité de renouvelables installés, plus de 40 GW en hausse de 3,9 GW/an. Cela pourrait sembler être une bonne nouvelle si la réalité ne nous rattrapait pas :

Environ 50 % des investissements de développement (CAPEX) d’ENGIE sont affecté aux renouvelables pourtant l’EBIT reste très faible, malgré les subventions d’état (France, Europe, Etats unis, …). Ainsi les résultats des renouvelables sont de 2 milliards dont 60% liés à l’hydroélectricité (spéculation sur les prix et effets volume).  Seuls 40% (soit 8% de l’EBIT) sont liés aux Energies Nouvelles Renouvelables (éolien, solaire …).

Des dividendes faramineux qui menacent l’avenir à moyen terme du groupe

L’année 2023 sera, dans l’histoire d’ENGIE, l’année du record de distribution de dividendes avec 3,482 milliards d’euros soit 1,7 fois le résultat du groupe. En clair, ENGIE verse plus aux actionnaires que le résultat qui leur revient, comme presque toutes les dernières années, appauvrissant le Groupe et l’endettant de plus en plus.

La Directrice générale met en avant sa volonté de vouloir garder la confiance des actionnaires, Cela pourrait paraitre louable pourtant malgré les dividendes alloués, la valeur de l’action reste très stable sans variation notable.

La confiance des actionnaires n’est donc pas le résultat de cette faible évolution de l’action mais bien la conséquence d’une incertitude du marché sur la stratégie d’ENGIE et donc de la ligne fixée par le conseil d’administration et le gouvernement. Nous assistons à l’échec de la stratégie Clamadieu que la CGT dénonce chaque année !

Une stratégie incompréhensible…surtout en France pour les filiales du groupe

Gaz naturel, biogaz, Hydrogène, géothermie, éolien onshore, éolien offshore, batteries, désalinisation, nucléaire, maintenance, services et tellement d’autres domaines … ENGIE devient clairement incompréhensible pour les salariés et pour le marché. De plus sur l’ensemble des domaines, ENGIE fait face à une concurrence féroce de ses pairs … Il parait bien difficile de mettre en avant ce qui est différenciant chez ENGIE …

Pourtant la technicité de nos salariés est largement reconnue mais il manque une réelle vision stratégique sur le moyen et sur le long terme, une stratégie qui inclurait et motiverait l’ensemble des salariés, assurerait le développement et la stabilité de long terme au Groupe et redonnerait à ENGIE une place incontournable dans le monde de l’énergie et certainement pas une place de second plan où ENGIE se cherche …  Nombre d’opportunités se présente au Groupe mais, malheureusement, le projet industriel est mis au placard au profit d’un projet purement financier.

Une explosion de la dette qui menace l’avenir du groupe

Malgré un EBIT en hausse brute de 18,2 % et 18,3% en organique, les dividendes pharaoniques, auquel s’ajoute le coût de la sortie du nucléaire belge ont fait bondir la dette nette économique de plus de 7,7 milliards d’€ pour s’établir à 46,5 milliards d’€. La direction se félicite d’un ratio dette nette/EBITDA de 3,1x ! Or, il faut anticiper l’effet du retour des marchés à des prix plus raisonnables et à moins de volatilité : la baisse des gains spéculatifs et donc la baisse du résultat de GEMS et le retour à un résultat groupe plus en ligne avec les années d’avant 2022. Avec l’EBITDA moyen sur les 5 dernières années de 11 milliards d’€ cela nous donnerait un ratio de dette de 4,22 x soit un poids supérieur au taux maximal accepté par les marchés, un risque d’impossibilité d’investir et une notation dégradée.

Une trajectoire carbone et GES (Gaz à effet de serre) en trompe l’œil

A grand coup de communication, ENGIE souhaite nous persuader que nous atteindrons le net zéro carbone en 2045. La CGT ne peut qu’être d’accord avec cette décision. Cependant, le conseil d’administration ne nous donne qu’une vision très partielle de la stratégie climat : le passage du transport de gaz par gazoduc à un passage au GNL pose le problème de la gazéification, du transport et de l’exploitation de ce gaz … coté renouvelable, la majorité des panneaux solaire sont fabriqués à partir de Polysilicone qui est un des matériaux les plus dangereux et fabriqué à 80% en chine via l’utilisation de central à charbon …. Les batteries dont ENGIE se targue sont fabriquées à partir de métaux rares, dont l’exploitation est socialement inacceptable et largement émettrice de CO2. Pour nous, le calcul du bilan carbone doit être fait de l’amont à l’aval, de l’extraction au démantèlement. Ce n’est que par ce biais que nous pourrons réduire notre impact et laisser une planète plus propre aux générations à venir.

Pour la CGT, il faut redonner confiance à l’ensemble des parties prenantes et aux salariés.

En dépit des résultats élevés de l’année, la direction du groupe a fermé toute négociation sur le partage de la valeur.

  • Pour des augmentations en relation avec l’inflation, c’est non !
  • Pour une prime généralisée comme en 2022 (prime de 1500 euros pour tous et toutes) , c’est non !
  • Même pour augmenter l’enveloppe de l’actionnariat salarié, c’est non !

La CGT tient à rappeler à la direction que ce sont les salariés qui produisent la valeur et que, sans eux, il n’y aurait ni résultats ni dividendes.

Plusieurs grands groupes ont versé des primes importantes à leurs salariés dont un de ses principaux concurrents sur le sol français. ENGIE serait bien inspiré de se benchmarker également socialement !

La CGT porte une autre vision de la société et de la gestion de l’énergie

Chaque citoyen doit pouvoir avoir accès à l’énergie à un prix raisonnable et raisonné, C’est un bien commun inaliénable !

Le Groupe doit investir massivement dans les gaz verts, dans l’hydrogène, dans les ENR plutôt que de dilapider ses ressources en dividendes !  Longtemps les actionnaires ont profité des dividendes liés au nucléaire belge, désormais il faudrait que ces mêmes actionnaires participent au paiement de la sortie du nucléaire en se passant de dividendes pendant plusieurs années.

Investir ses résultats, fidéliser et former ses salariés, s’appuyer sur ses métiers historiques pour construire le mix énergique de demain,

C’est cela la vision de long terme d’une entreprise qui veut se donner un avenir,

C’est cela la vision de long terme d’un véritable Service Public !

Contact : Yohan THIEBAUX, Coordinateur CGT ENGIE, 06 33 38 28 35